Stabiliser le kératocône
Prévenir l’aggravation de la maladie et préserver la vision
La stabilisation du kératocône est une étape essentielle de la prise en charge. L’objectif est de freiner l’évolution de la déformation cornéenne, limiter la dégradation visuelle, et retarder ou éviter le recours à des solutions chirurgicales plus complexes.
Pourquoi faut-il stabiliser la maladie ?
Le kératocône est une pathologie progressive qui entraîne :
- Une augmentation de la protrusion cornéenne (cornée en cône)
- Une déformation irrégulière de la surface de l’œil
- Une baisse progressive de la qualité visuelle
Si la maladie n’est pas contrôlée, elle peut évoluer vers des formes sévères nécessitant une greffe de cornée.
Traitement médical : l’arrêt des frottements
Le principal facteur mécanique favorisant l’évolution du kératocône est le frottement des yeux, souvent lié à :
🔹 Une conjonctivite allergique
🔹 Un terrain atopique (eczéma, rhinite allergique)
🔹 Des gestes réflexes nocturnes, comme l’appui de l’œil contre l’oreiller ou le bras
Que faire ?
🔹 Éviter absolument de frotter les yeux
🔹 Dormir sur le dos si possible, en limitant les appuis sur les yeux
🔹 Utiliser des collyres anti-inflammatoires et anti-allergiques pour réduire les démangeaisons et l’envie de se gratter.
Ces mesures simples mais fondamentales permettent déjà, dans de nombreux cas, de ralentir voire de stopper l’aggravation.
Suivi initial : imagerie et surveillance
Au moment du diagnostic, deux examens sont systématiquement réalisés :
- Une topographie cornéenne
- Une OCT de la cornée (tomographie à cohérence optique)
Ces examens servent de base de référence pour suivre l’évolution. Un contrôle tous les 6 mois est généralement recommandé la première année pour surveiller la stabilité ou détecter précocement une progression.
Le cross-linking : solution chirurgicale en cas d’évolution
Si malgré le traitement médical et les bonnes pratiques comportementales, une évolution est observée, une intervention chirurgicale spécifique peut être proposée : le cross-linking cornéen, également appelé CXL.
Le principe
Le cross-linking est une procédure qui vise à renforcer les fibres de collagène de la cornée en créant des liaisons chimiques supplémentaires. Cela permet de rigidifier la cornée, la rendant moins déformable, et donc de freiner l’évolution du kératocône.
La technique repose sur :
- L’application d’un photosensibilisant (riboflavine)
- L’exposition contrôlée aux UVA
- Une réaction biochimique induite qui stabilise le tissu cornéen
Suites opératoires et effets secondaires
Le postopératoire peut être douloureux durant les 48 à 72 premières heures. Une vision trouble est également attendue le temps de la cicatrisation.
Les effets secondaires possibles :
- Sensation de brûlure ou de corps étranger
- Baisse de vision transitoire
- Risque infectieux
- Cicatrisation excessive ou apparition d’une opacité cornéenne
Ces risques sont rares, mais justifient un suivi rigoureux dans les semaines suivant l’intervention.
Déroulement de l’intervention
- Réalisée en bloc opératoire
- Sous anesthésie locale ou générale selon l’âge et le profil du patient
- Elle dure en moyenne 30 à 45 minutes
- Elle est indiquée uniquement en cas d’évolution prouvée, malgré un traitement médical bien suivi
En résumé
Stabiliser le kératocône est indispensable pour éviter sa progression.
Le traitement médical repose sur l’arrêt des frottements oculaires et le traitement des allergies.
Un suivi régulier par imagerie est nécessaire pour surveiller l’évolution.
En cas de progression prouvée, le cross-linking est la seule solution chirurgicale actuellement reconnue pour freiner durablement la maladie.
